En 2018, l’UNESCO ajoutait la réserve du “Chocó Andino de Pichincha” à la liste de son réseau mondial des réserves de la biosphère, augmentant à 7 le nombre de réserves concernées par ce dispositif en Équateur (plus de détails à ce sujet dans notre article). Écrin de vert accroché sur les flancs parfois vertigineux des Andes, le Chocó est une région que nous aimons particulièrement vous faire visiter, et au milieu de cette petite merveille naturelle d’Équateur, il existe un projet particulièrement inspirant avec une légère saveur de forêt…
Le projet Intillacta
La réserve Intillacta est un projet de conservation aux multiples composantes. C’est une initiative innovante visant à combiner les pratiques agricoles durables avec les efforts de conservation pour améliorer la qualité de vie des communautés rurales et préserver l’environnement. Le terme “Intillacta” provient du quechua (Inti = lumière, soleil – Llacta = territoire, peuple, maison), reflétant l’engagement du projet envers l’harmonie et l’attachement entre l’homme et la nature.
Situé dans les régions du Chocó andin, Intillacta se concentre sur l’agriculture biologique, la préservation des savoirs ancestraux, et l’utilisation des technologies modernes pour maximiser les rendements tout en minimisant l’impact environnemental. Le projet intègre l’agroforesterie, la gestion de l’eau, et les énergies renouvelables pour créer un modèle de développement durable. Le projet vise également à créer un modèle reproductible d’agro-reforestation qui pourrait être appliqué dans d’autres régions touchées par la déforestation et la dégradation des sols. En mettant l’accent sur la restauration des écosystèmes tout en soutenant le développement économique des communautés locales, Intillacta représente une solution durable aux défis posés par le changement climatique et la pauvreté rurale. Une partie du projet est dédiée à l’enseignement de ces techniques et de la connaissance des écosystèmes forestiers aux jeunes générations.
Des plantes alimentaires conventionnelles parmi les PANCs
Vous devez déjà vous demander ce que sont ces PANCs, sachez que nous verrons cela un peu plus tard, pour le moment nous allons parler des plantes alimentaires conventionnelles car à Intillacta vous pourrez voir un beau potager. Un des objectifs du projet est de monter qu’une autre agriculture est possible, différente des modèles intensifs et industriels qui consomment et détruisent les sols.
L’agro-reforestation présente de nombreux avantages par rapport à l’agriculture intensive, offrant une approche plus durable et résiliente pour l’agriculture moderne. Contrairement à l’agriculture intensive, qui repose souvent sur des monocultures, des intrants chimiques élevés et une utilisation intensive des sols, l’agro-reforestation intègre les arbres dans les systèmes agricoles, créant ainsi un équilibre entre production agricole et préservation de l’environnement.
PANC un jour, PANC toujours !
Et donc, dans les forêts il y a des PANCs… mais qu’est-ce que c’est que ça ?!?
PANC est donc un acronyme pour Plantes Alimentaires Non Conventionnelles, un concept décrit par le botaniste brésilien Valdely Kinupp et la nutritionniste Irany Arteche pour nommer toutes ces plantes qui poussent souvent spontanément dans nos écosystèmes et que nos ancêtres savaient reconnaitre et dont ils s’alimentaient, la majorité étant maintenant tombées dans l’oubli collectif… mais pas toutes !
C’est justement là qu’on peut observer les résultats du travail de plusieurs années de Nina sur les PANCs équatoriennes : un très beau livre intitulé “Guía de Plantas Alimenticias No Convencionales en el Chocó Andino – (PANC) – Volumen 2” (Guide de Plantes Alimentaires Non Conventionnelles dans le Chocó Andin (PANC) – Volume 2), de Nina Duarte, 2023.
Nina, en plus de parcourir les forêts du Chocó depuis des années, a aussi traversé toutes les fermes environnantes pour discuter avec les anciens de la région et compiler une montagne d’informations sur ces PANCs qui n’ont pas été oubliées et qu’on trouve encore dans certaines fermes du coin.
PANCs néotropicales
Pour vous mettre l’eau à la bouche, et des couleurs dans les yeux, on vous présente ici quelques exemples de PANCs des forêts du Chocó Andin que vous pourrez retrouver à Intillacta en vous concoctant un menu de la forêt. Certaines de ces plantes sont natives de la zone, d’autres ont été introduites en des temps anciens.
PANCs du vieux monde
Pour vous montrer que nous ne sommes pas ici face à un phénomène “exotique” dans tous les sens du terme, voici quelques exemples de PANCs issues de notre vieux continent qui vous diront peut-être quelque chose :
- Bourrache (Borago officinalis)
- Pissenlit (Taraxacum officinale)
- Plantain lancéolé (Plantago lanceolata)
- etc
Visiter Intillacta et goûter la forêt
Lors de nos circuits dans le Chocó équatorien, nous pouvons organiser la visite de la réserve Intillacta, en plus de participer à un projet de conservation d’un des écosystèmes les plus riches d’Équateur, vous aurez l’occasion de déjeuner sur place pour découvrir les saveurs de cette forêt tropicale qu’on affectionne tant.
Quelques liens utiles :
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- infos sur la réserve Intillacta sur le site de la Fondation Imaymana : https://fundacion-imaymana.org
- Instagram de la réserve Intillacta : https://www.instagram.com/reserva_intillacta/
- Page Facebook de la réserve Intillacta : https://www.facebook.com/tucanopy.intillacta
- Nos voyages dans la biorégion du Choco
Par Pierre Ferron, gourmand des PANCs du Chocó, surtout de ce petit bégonia citronnée fraichement cueillie sur les sentiers.